Pourquoi les végans sont extrémistes

dimanche, décembre 04, 2016


Mais en fait, c'est quoi un végan "extrémiste" ? J'entends souvent ce terme de la bouche des gens qui parlent des végans qui veulent mettre fin à l'exploitation de toute forme d'exploitation animale, c'est-à-dire une personne abolitionniste. Le véganisme, dans ce cas, découle de l'abolitionnisme. Donc abolitionniste = extrémiste ? Par si sûr.


C'est quoi l'abolitionnisme ?

La personne abolitionniste souhaite stopper l'exploitation animale (de TOUS les animaux. Oui nous sommes des animaux). Elle va donc naturellement se tourner vers le mouvement végan. Donc en résumé, ce mouvement englobe les gens qui veulent arrêter d'exploiter les animaux de ferme, d'élevage, etc., mais aussi arrêter d'exploiter les humains (que ce soit à l'autre bout du globe pour les jeunes enfants qui fabriquent des vêtements pour que dalle, ou bien dans notre pays pour le travailleur qui enchaîne les heures sup' non payées).
Du coup que ce soit clair : une personne qui ne mange pas d'animaux mais qui soutient les inégalités sociales n'est pas abolitionniste. Une personne qui ne mange pas d'animaux mais qui achète régulièrement des vêtements "made in China" n'est pas abolitionniste.

Comme dans toutes les situations, on n'est pas obligés d'être 100% parfait pour s'intégrer dans le mouvement. Ce sont les efforts fournis et les impacts de nos actions qui comptent.

Abolitionniste, extrémiste... Où est là limite ?

Les bases étant posées, venons-en au vif du sujet. Par exemple, je me considère abolitionniste, j'aimerais que tous les gens arrêtent de manger des produits animaux et accordent plus d'importance à l'exploitation sous toutes ses formes. Pourtant, je ne crois pas que l'on m'ait jamais traitée d'extrémiste (ou bien ça ne m'a pas traumatisée :3), au contraire on me dit souvent que je suis plutôt tolérante. Alors qu'est-ce qui différencie une personne comme moi d'un végan dit "extrémiste" ?


Je pense que les abolitionnistes qualifiés d'extrémistes ne le sont que parce qu'ils revendiquent ouvertement leurs idées, des idées qui fâchent. Même si je suis convaincue que tout le monde (dans la mesure du possible) pourrait et se devrait d'arrêter de considérer l'animal humain et non-humain comme un produit de consommation, je ne le dis pas forcément, ou du moins je nuance mes propos.
Je suis partisane des "petites actions", puisque les changements minuscules peuvent mener à de grandes choses.
En effet, si une personne arrive à, par exemple, arrêter de manger de la viande uniquement en semaine, peut-être qu'elle se rendra compte que ce n'est pas si difficile que ça et deviendra petit à petit 100% végétalienne. Alors que si on lui dit directement "deviens végan-e, la consommation de produits animaux est une abomination", même si on le pense du fond de son coeur, il y a de grandes chances qu'elle ne n'écoute pas ce conseil.

Une étape à la fois. Ou pas. Ça dépend des gens en fait, mais j'ai appris au fil des années qu'il vaut généralement mieux ne pas brusquer et balancer des gros chiffres/grosses images, mais plutôt y aller petit à petit.

Ces méchants végans qui jugent les autres

Ce principe n'est pas appliqué par tout le monde : certaines auront tendance à juger les autres, non pas dans le but de les descendre, mais parce qu'on a tendance à penser que donner des arguments chocs et mettre les gens face à leurs contradictions peut les aider. Mais ça a plutôt tendance à être le contraire... Alors pourquoi adopter un ton moralisateur ? En général, nous marchons beaucoup mieux aux encouragements (voire à la carotte) qu'à la punition. Mettre une personne face à tout ce qui lui reste à surmonter risque de la décourager, bien plus que de l'encourager pour les efforts qu'elle a fournis et l'aider à aller de l'avant avec des propositions concrètes.

Mais un individu n'est pas la vitrine de tout un mouvement

Oui, certains végéta*iens peuvent être moralisateurs. Mais ce n'est pas parce qu'un végan, un jour, t'a critiqué parce que tu mangeais du poulet, que tu dois te dire qu'être végan implique d'être un con.



http://www.vegansidekick.com/

"J'ai réfléchi à ce que tu m'as dit à propos du véganisme, et tu avais raison.

- Ah oui ?
- Oui, on ne peut pas justifier ce qu'on fait aux animaux. Leur vie m'est précieuse maintenant.
- Super, alors tu es végan maintenant ?
- Non.
- Pourquoi ?
- Parce que je n'ai pas aimé la façon dont tu m'as expliqué tout ça."

Je lis souvent "Franchement, je pourrais être végan mais les végans jugent tout le temps les autres, ça me dégoûte". Mais une seule personne (ou même un ensemble de personne) ne peut être une vitrine pour tout le mouvement qu'il représente ! Le véganisme, ce sont des valeurs, une sensibilité, une remise en question permanente du monde qui nous entoure. C'est une décision que l'on prend, non pas pour faire comme les autres, mais parce que les valeurs que le mouvement véhicule sont les nôtres.

En conclusion, certain-e-s végan-e-s sont "extrémistes" (ou plutôt "jusqu'au bout-istes") non pas dans le but de faire chier le monde (quoique, parfois on se demande), mais parce que la cause qu'ils défendent ne peut pas attendre, et ils aimeraient que les gens agissent rapidement. Même si la méthode n'est pas la meilleure (à mon humble avis), ce n'est que dans le but de faire au mieux possible.

Vous aimez la justice, vous ne comprenez pas qu'on impose de la souffrance inutilement, vous n'aimez pas faire vous-même le mal de façon injustifiée ? Félicitations, vous avez parfaitement le profil d'un-e futur-e végan-e en puissance. Alors, qu'est-ce qui vous arrête ? ;)

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3 commentaires

  1. J'aime être autorisée à ne pas être 100% parfaite (99,9% me suffira). L'être humain est un paradoxe à lui tout seul : il aime trop souvent faire le contraire de ce qu'il dit. Mais tu as raison en disant que chaque petite action, chaque petite goutte d'eau peut conduire à de grandes choses. Une bonne action x 7 milliards d'êtres humains = un monde meilleur

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    1. Et puis, chaque petites actions peut mener à des choses plus grandes, on ne peut pas tout changer du jour au lendemain de toute façon :) (en tout cas pas tout le monde :p)

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  2. Oui, oui et re-oui ! Omnivore impliquée dans le milieu de la protection animale, ça me hérisse le poil de rencontrer des végans qui me disent que "De toute façon, je ne suis qu'une sale hypocrite qui se donne bonne conscience en promenant les chiens des refuges et en participant aux campagnes de stérilisation des chats errants parce que si tu manges de la viande à côté, tu n'es qu'une méchante spéciste. Boooooouh !"

    Même en dehors de ce sujet, ce que je déteste, c'est que l'on essaie de me convaincre à tout prix. Je pense être assez ouverte d'esprit, j'adore discuter, découvrir et tester de nouvelles choses. Mais parce que je l'ai décidé, pas parce qu'on m'a mise au piquet parce que je suis une méchante-pas-belle. La fameuse carotte et le fameux bâton auxquels tu fais allusion dans ton article.

    Heureusement, je ne me suis pas arrêtée aux premiers grognons. J'ai conscience que chez les vegans, comme parmi toutes les catégories de la population, il y a toutes sortes de gens :) Et rester l'esprit ouvert m'a permis de rencontrer des gens formidables !

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